La seconde surprise de l'amour - dramaturgie
Tout en respectant les conventions du théâtre classique « à la française », Marivaux y élabore une dramaturgie singulière. Dans La Seconde Surprise de l’Amour, amitié, amour et servitude se jouant dans la théâtralité soumise ou manipulatrice des personnages. Le tout sur fond de conventions sociales. C’est sur ce dernier aspect que nous choisirons de présenter l’action.
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Protagonistes
LA MARQUISE, jeune veuve.
LE CHEVALIER
LE COMTE
LISETTE, suivante de la Marquise
LUBIN, valet du Chevalier
MONSIEUR HORTENSIUS, « pédant »
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« Que faut-il donc qu’elle fasse ? – Hélas ! lui dira-t-on, cela est bien fâcheux ; tâchez de prendre patience ; vous n’avez de ressource que dans vos vertus. Et c’est comme si on lui disait : souffre, pleure, gémis, soupire, pratique des vertus impraticables, et tâche de te traîner ainsi jusqu’à la mort…»
Marivaux, Le Cabinet du philosophe, Cinquième feuille, Des Femmes mariées
C’est un peu ainsi que s’ouvre la pièce sur le chagrin ostentatoire d’une jeune Marquise, dont le mari est mort peu de temps après leur mariage. La douleur de cette perte la plonge depuis six mois dans une telle affliction qu'elle a décidé de ne plus jamais aimer. Agacée du soin que sa suivante met à s’acharner à lui rendre quelque bonne humeur, elle nie toute velléité d’attrait et se replie sur le deuil impossible à faire d’une union longtemps attendue et trop vite irrémédiablement dissolue.
« Eh ! ce que je dis là n'est que trop vrai : il n'y a plus de consolation pour moi, il n'y en a plus ; après deux ans de l'amour le plus tendre, épouser ce que l'on aime ; ce qu'il y avait de plus aimable au monde, l'épouser, et le perdre un mois