Le droit naturel
Dans l’Antiquité grecque, Aristote évoque dans l’Ethique l’idée de la loi naturelle. Contrairement aux penseurs contemporains, il ne l’oppose pas aux lois positives. Il distingue seulement le jus naturel et le jus positif mais sans les opposer. La loi naturelle est la loi observable dans la nature. Il faut discerner dans la nature ce qui est bon, juste et naturel en tout homme. La loi naturelle dépasse la loi positive et cherche son fondement dans la nature. Il ne faut pas non plus la confondre avec la morale, elle se rapproche plutôt de l’idée de justice, d’une justice non pas distributive (qui correspond à l’idée qu’il faut donner à chacun ce qui lui revient en fonction de ce qu’il est, à une répartition proportionnelle selon les personnes) mais d’une justice commutative, qui correspond quant à elle à une égalité mathématique entre tous. La notion de prudence est aussi essentielle dans la loi naturelle, on retrouvera cette idée dans le terme de jurisprudents, qui sont aptes à donner des conseils juridiques car ils usent de prudence et de raison. Les idées d’Aristote seront reprises à Rome. Cicéron écrit en 103 av JC dans La République : « Il y a une loi vraie, droite raison, conforme à la nature, diffuse en tous, constante, éternelle ». La loi naturelle selon Cicéron se rapproche de la raison. On ne peut pas la transgresser, l’abroger, l’interpréter, car elle est une, éternelle et immuable. Elle diffère ici des lois positives car contrairement à elles, elle ne change jamais, elle est complètement liée à la nature humaine. Ne pas y obéir, c’est se renier en tant qu’humain. Dans ses Institutes, Gaius parle du jus gentium qu’il définit comme un droit « que la raison naturelle a établi entre tous les hommes et observé de façon semblable par tous les peuples ». Le jus gentium, contrairement au jus civile est appliqué par tous les hommes, et donc pas seulement par les citoyens romains comme le jus civile. Ainsi, les étrangers, nombreux à Rome,