Les médias contre la culture ?
LES MÉDIAS CONTRE LA CULTURE ?
Avant le développement de l'éducation et des moyens de communication de masse, la production et la diffusion de la culture obéissaient à une logique simple et intangible. Seule une caste de privilégiés (noblesse, grande bourgeoisie) avait accès aux oeuvres de l'esprit, fréquentait le milieu des artistes ou des créateurs, et goûtait, avec un fort sentiment de distinction, les plaisirs de la lecture, de la peinture ou de la musique. Les changements politiques, les progrès techniques, les bouleversements économiques du XIXe et du XXe siècles ont radicalement transformé cette situation. Grâce à l'essor de la presse à grand tirage, à l'invention du cinéma, au succès de la radio et de la télévision, à la commercialisation du livre de poche, puis aujourd'hui à l'explosion du multimédia et d'Internet, le grand public, longtemps tenu à l'écart parce qu'il ne disposait ni du capital économique, ni du capital culturel nécessaires, peut désormais se tenir informé de l'actualité la plus récente, découvrir les grandes oeuvres du patrimoine artistique, écouter les plus grands représentants de la chanson du moment, etc. Les bienfaits des médias en matière de démocratisation culturelle paraissent incontestables et ne sont plus à démontrer.
Seule ombre au tableau : cette production et cette diffusion à grande échelle des biens culturels n'engendrent-elles pas une certaine uniformisation de la culture et ne maintiennent-elles pas certaines inégalités ? C'est l'une des questions -- parmi d'autres -- que se sont posées certains chercheurs dès le milieu du XXe siècle en commençant à étudier les effets de l'industrialisation de la culture et des médias sur les individus.
On a en effet essayé de savoir quel est l'impact de la « diffusion médiatique » sur le contenu des oeuvres elles-mêmes et sur le récepteur en tant que tel, en soupçonnant d'ailleurs très souvent les médias de provoquer une dénaturation de la culture,