Le valet est " en service auprès d'une personne " (Littré). C'est de plus un " homme de service ", par opposition au laquais, défini comme un " homme de suite " (Encyclopédie de Diderot). Il s'agit donc d'une situation définie par une dépendance ; celle-ci n'est due ni é des motifs familiaux, ni à des motifs passionnels ; ainsi le valet vit chez le maître et reçoit en principe un salaire. Dans la comédie, qui met en scène des grands bourgeois ou des nobles devant un public de grands, nombreux sont les valets. Ces serviteurs, attributs indispensables de la maisonnée, nous sont familiers ; leur présence est presque constante, parfois anonyme : ce sont alors des " utilités ". On trouve les valets dans toutes les distributions, depuis la comédie antique : dans la comédie italienne, la comédie classique française au XVIIe et au XVIIIe siècles, de Plaute à Beaumarchais, jusqu'au théâtre de Feydeau, de Courteline, ou même jusqu'au nouveau théâtre, chez Ionesco ou Genet. On les trouve également dans tout le théâtre européen, chez Calderón, Goldoni, Shakespeare ou Brecht.
Pourquoi cette permanence ?
Le théâtre se fait ici le reflet d'une réalité historique : de nombreux éléments dans sa structure sociale, en particulier dans l'organisation de la domesticité, se perpétuent depuis l'Antiquité jusqu'à la Révolution française, mais aussi jusqu'au XXe siècle. De plus, au théâtre, ces personnages de valets sont souvent anonymes, les distributions ne leur donnent en effet d'autre identité que leur fonction : un valet, un porteur... Ainsi la dépendance, la variété, l'anonymat caractérisent au premier abord la situation du personnage du valet. Or, malgré toutes ces caractéristiques réductrices, certains valets qu'Emelina nomme pour cela " grands valets " s'affirment, acquièrent une identité : citons entre autres Toinette, Sganarelle, Cléanthis, Scapin ou Figaro ; dans cette multitude qui constitue la domesticité, des personnages émergent, dotés d'une personnalité et