La société contre l'etat, pierre clastres
Pierre Clastres est un anthropologue français, né en 1934 et décédé en 1977, reconnu en particulier pour ses recherches en anthropologie politique. Il effectue dès les années 60 de nombreuses enquêtes de terrain au Paraguay, au Brésil et au Vénézuela au sein de tribus. De ses voyages, il recueillera un très grand nombre de données concernant le quotidien de ces tribus, la place des chefs au sein de ces sociétés, les rites, la guerre et les mythes. Tout son travail est basé sur la volonté d'apporter une vision nouvelle sur les sociétés dites « primitives », souvent méconnues et victimes de nombreux préjugés. Spécialisé en anthropologie politique, il va s'appuyer sur ses recherches au sein des sociétés primitives pour comprendre le passage d'une société « acéphale », c'est-à-dire sans État, à une société étatique. Cette réflexion va notamment être au cœur de son œuvre La société contre l'État dans lequel il va par ailleurs s'affairer à remettre en cause les théories évolutionnistes. Dans le chapitre 11 tiré de cet ouvrage, plusieurs grandes questions orientent sa réflexion. Loin de considérer les sociétés primitives comme des sociétés de « manque », il cherche à comprendre les raisons de la non-apparition de l'État au sein de ces sociétés. En quoi l'instauration d'un État est-elle impossible dans ces tribus?
Dans La société contre l'État, Pierre Clastres s'attache dans un premier temps à nier les théories évolutionnistes qui ont imprégné le 19ème siècle. Les théories évolutionnistes se basent sur une histoire commune de l'humanité qui serait partagée en différents stades d'évolution dont le point culminant serait la civilisation. Les sociétés primitives sont alors perçues comme des sociétés imparfaites, « sans Etat, sans écriture, sans histoire, sans marché » et sans technique, comme une sorte de vestige d'un état très anciens de l'humanité. Pierre Clastres rompt avec tous ces préjugés. Il y fait une critique de