Les cannibales montaigne
Montaigne argumente autour de l'opposition entre nature et culture.
Ce chapitre est très important pour la pensée critique occidentale, il analyse la sauvagerie des habitants du Nouveau monde et la montre plus enviable que la cruauté des civilisés : les barbares ne sont pas ceux qu'on pense. En s'appuyant sur une relation de voyage de Léry (qui a servi aussi pour la récente rédaction de Rouge Brésil, le roman de Ruffin), Montaigne inaugure le mythe du bon sauvage, qu'exploiteront les philosophes des siècles ultérieurs (surtout Diderot et Rousseau).
Contexte : Montaigne dit s'appuyer sur le témoignage d'un compagnon de Villegagnon (expédition de la France antarctique (i.e. le Brésil), 1555-1561), qui est ensuite entré à son service. En fait, il a surtout lu la relation d'André Thevet (c'est le cosmographe qu'il critique au début de cet essai) et surtout celle de Jean de Léry, Histoire d'un voyage en terre de Brésil (1578), qui décrit longuement les coutumes des indiens Tupinamba (Caraïbes) du Brésil. Il a sans doute aussi lu le pamphlet de Bartolomé de Las Casas, La Dévastation des Indes (1552), violente dénonciation du génocide commis par les Espagnols en Amérique.
Thèse : Montaigne démontre que malgré les apparences des coutumes (surtout le cannibalisme), les indiens honorent les mêmes valeurs que les Européens, mais avec plus de sincérité et de cohérence. Montaigne n'est pas favorable à ces coutumes mais il dénonce les apparences de civilisation chez les Européens qui se réfugient derrière elles pour dissimuler leur sauvagerie. C'est donc une expression paradoxale.
Il oppose ainsi le naturel à l'artificiel, le barbare au civilisé. Les Indiens sont plus près de la nature et moins corrompus que leurs colonisateurs qui dévoient leurs qualités en créant des produits artificiels. Les Indiens ont cette pureté originelle (préadamite en quelque sorte) dont les Européens se sont éloignés. La civilisation ne serait à