Phèdre acte ii scène 5
Acte II scène 5
I- Une déclaration déguisée
A- L’effacement de Thésée
Hippolyte se méprend sur l’origine du trouble de Phèdre, imaginant que c’est son « chaste amour » qui la perturbe. Phèdre utilise alors ce quiproquo pour déguiser son aveu. Racine ne démêle pas dans le portrait de l’objet aimé ce qui appartient à Thésée et ce qui revient à Hippolyte. Ainsi par cette ambiguïté il met en valeur l’aveu honteux de Phèdre. En effet elle parle malgré elle dans le désarroi de sa conscience, il lui faut donc travestir sa passion.
L’acquiescement de Phèdre « oui, Prince » est déjà ambigu, elle répond à la remarque d’Hippolyte « Thésée est présent à vos yeux ». Pour se délivrer de l’aveu Phèdre saisit la première occasion mais elle utilise le subterfuge. En effet sa passion est violente, trop violente pour s’adresser à un Thésée mort. Dans le premier vers les accents sont d’ailleurs mis sur les verbes, avec une coupe forte au deuxième vers, « je languis, je brûle…je l’aime » ce qui traduit l’intensité de ses émotions. Elle semble envahie par un désordre physiologique dont Thésée, qui n’apparaît qu’en fin de vers, n’est pas la cause. Toute la gloire de Thésée est par ailleurs engloutie par trois vers dans le royaume des ombres. : Il est présenté comme infidèle « volage adorateur » qui considère Proserpine comme une dernière conquête. Phèdre se montre ainsi réticente à évoquer la gloire passée de son mari comme le démontre le rythme rapide des vers 635-637. « Je l’aime » n’est qu’un je t’aime déguisé et l’effacement de Thésée va permettre l’apparition d’Hippolyte paré de la gloire de son père.
B- L’apparition d’Hippolyte
Au portrait de Thésée se substitue celui du fils ; à l’infidélité la fidélité, à la dispersion la réserve, à l’impureté la pureté. Il faut ainsi lire le vers 635 avec le second hémistiche du vers 640 pour être sensible à la répétition du mot voir « je l’aime non point tel que l’ont vu les enfers (mais) tel que je vous voi ».