Philosophie
COMMENT VIVRE ENSEMBLE ?
Croyez-vous utile de juger d’anciens nazis presque centenaires ?
Certains pensent que oui et motivent leur opinion par la croyance à la nécessité d’exercer une vengeance, de rendre ce qui a été donné ou bien de trouver une réponse équitable aux offenses ; d’autres répondent que non et supposent le temps venu d’oublier, de passer à autre chose — à leurs yeux, l’acharnement ne sert à rien, sinon à couper la France en deux moitiés qui s’opposent, se querellent et se chamaillent sans cesse ; enfin, un grand nombre n’a pas d’avis, oscille entre le désir d’une solution éthique et l’envie de résoudre d’autres problèmes, plus urgents, estimant que le temps a fait son travail et que l’histoire ne s’arrête pas à cette époque révolue. Pourtant, la question se pose dès lors que des plaignants, anciens déportés, victimes directes, survivants, rescapés, voire familles de ces hommes et de ces femmes, recueillent assez de preuves pour demander des comptes à un ancien responsable nazi allemand, à un collaborateur français ou à un fonctionnaire du régime de Vichy, complice du Reich hitlérien. Quelques survivants de ce genre demeurent et parmi eux des individus ayant joué des rôles plus ou moins visibles mais nécessaires
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6. L’HISTOIRE
au fonctionnement de la machine à exterminer. Faut-il passer l’éponge sous prétexte que l’eau a coulé sous les ponts ?
Juger, pardonner, oublier ?
Le procès vise la réparation, l’expression de la justice entre des plaignants. Il se propose le jugement de faits en regard de textes de loi et dans le respect des règles du droit. Quiconque a commis une faute ou est supposé l’avoir commise a droit à une présomption d’innocence, une instruction, une défense, un jugement et une décision de justice : acquittement ou punition. Théoriquement, la même logique vaut pour tout le monde, qu’on soit puissant ou misérable, sans qu’on puisse suspecter les jugements d’être truqués du fait de l’identité ou de la qualité